De toutes les propositions avancées par le Ministre Xavier Darcos, une a particulièrement retenu l'attention tant des médias que des syndicats: le programme de lutte contre l'absentéisme lié à
l'embauche de 5000 "médiateurs " précaires. Les syndicats ont unanimement condamné une mesure dont l'efficacité leur semble douteuse et qui pourrait, selon eux, conduire à terme à diminuer
le nombre de conseillers principaux d'éducation, de surveillants ou d'assistantes sociales.
La médiation ne s'improvise pas.
On ne saurait pour autant minimiser l'importance de l'absentéisme à la fois en nombre et dans ses conséquences. Une étude ministérielle, publiée en 2007, montrait que le taux moyen n'avait
pas grande importance. C'est la réalité locale qui importe.
Jusqu'à une date récente, 2004 pour être précis, il n'était question que de sanctions financières au nom de la responsabilisation des familles. Proposer des médiateurs à la place de ces mesures
semblerait donc aller dans le bon sens, à condition qu'ils soient de véritables professionnels, comme le sont les personnels du secteur social qui effectuent un remarquable travail de proximité,
dans des conditions parfois difficiles. Mais voilà, même ce domaine sensible n'échappe pas aux contraintes budgétaires.
Travailler sur l'absentéisme necessite une parfaite connaissace? à la fois du milieu social et de la psychologie des jeunes qui le pratiquent; il recouvre en effet des formes
diverses.Un élève peut-être absent pour "sécher" les cours, parce qu'il doit travailler pour subvenir à ses besoins, pour retenir l'attention de ses parents, parce qu'il est victime de racket,
parce qu'il s'ennuie en classe ou, tout simplement, parce qu'il refuse l'école.
Les élèves absentéistes traînent les pieds et disent que l'institution scolaire n'est ni utile, ni intéressante. Il convient donc d'établir un dialogue qui s'est rompu avec l'univers
scolaire.
Pour soigner cette fracture culturelle qui grandit, les médiateurs peuvent jeter une passerelle. Reste leur formation, mais ceci est une autre histoire.