Une dépêche de l'AFP relate une formation animée par un professeur de l'académie de Créteil qui propose "des méthodes apprises sur le tas pour tenir une classe, notions qui ne seraient pas
apprises dans les IUFM."
Si nous nous réfèrons au contenu du message de l'AFP, les conseils donnés relèvent du simple bon sens comme par exemple "il faut être dans une bonne forme physique" ou plus caricaturaux "chaque
classe comprend 10% de chahuteurs et 10% de travailleurs".
Ce qui fascine les médias dans cette histoire, c'est de dévoiler la relation de nature quasi fantasmatique qui s'apparenterait davantage à une prise de pouvoir du professeur face à ses
élèves.
Bien sûr, le corps est important dans la relation pédagogique, même s'il est difficile de le contrôler à 100% .Mais, d'autres facteurs interviennent : l'envie de réussir, la situation familiale,
le passé scolaire, les camarades, le plaisir d'apprendre où, au contraire, la peur que suscite cette démarche, plus présente que nous ne le croyons dans les diverses situations
d'apprentissage (cf les travaux de S.BOIMARE). Autant d'éléments qui devraient concourir à éviter l'enfermement dans une approche de type comportementaliste. Mais, il existe aussi des
faits plus dérangeants pour l'institution scolaire: le nombre d'élèves par classe qui est souvent un obstacle à l'individualisation des prises en charge, l'ambiance de l'établissement, les
journées de cours beaucoup trop longues (cf les études d'H. MONTAGNER ou de F.TESTU).
La relation prof-élève ne doit pas être simplement réduite à cette logique binaire; elle est infiniment plus complexe(cf les recherches de J.NIMIER entre autres), la confiance, la discipline
enseignée, le rapport que les jeunes entretiennent avec les divers savoirs (cf : les enquêtes de B.CHARLOT, E.BAUTIER, J.Y.ROCHEX par exemple) doivent également être prises en compte.
S'en tenir simplement à ce face à face, c'est occulter les conditions d'exercice du métier, c'est mettre la responsabilité de la réussite ou de l'échec sur les enseignants et les élèves.
Sans le vouloir, nous en revenons au fameux principe du "débrouillez-vous".