Les jeunes diplômés se détourneraient-ils du métier de prof? Le nombre d'inscrits aux agrégations de mathématiques et de physique-chimie a chuté de moitié, il baisse d'un tiers dans les matières littéraires. Le salaire ,il est vrai, n'a jamais été attrayant, mais les enseignants trouvaient jadis dans l'exercice de leurs fonctions quelques compensations. Leur autorité n'était guère contestée, ils étaient considérés par les parents et avaient le sentiment d'être utiles à la société en permettant à l'ascenseur social de fonctionner. L'image de l'instituteur, du professeur s'opposait à celle des représentants de la finance.Les héros d'aujourd'hui sont les patrons du CAC40 et les industriels fortunés. La nouvelle génération, frappée par le chômage et la précarité a choisi la voie de "l'avoir" préfèrant intégrer les écoles de commerce qui sélectionnent leurs étudiants tant la demande est importante. A force de prôner l'ouverture de l'école sur le monde économique, nous sommes parvenus à la négation même du savoir, des humanités et de toutes les disciplines qui ne se mesurent pas à l'aune de la valeur suprême: l'argent. Depuis le temps qu'on nous répète qu'il faut adapter l'enseignement aux lois du marché, l'acquisition des connaissances n'a guère d'importance.Les jeunes étudient pour se constituer un embryon de CV, complété par des stages gratuits et des emplois précaires afin d'obtenir un profil négociable sur la marché du travail, devenant ,à leur insu, une marchandise. La crise du système scolaire et universitaire est parvenue à son paroxysme. Plus préoccupé par les notes des officines de cotation que de celles des élèves, le gouvernement chasse les déficits. L'enseignement ne suscite plus de vocations? Dommage!! Nous pourrons toujours parler de l'identité nationale sur les ruines de l'institution qui la portait. Elle était gratuite, laïque, mais ce n'est plus dans l'esprit du temps.
