Le Ministre de l'Education Nationale est bien ennuyé, bien embarrassé. D'une part, il a décidé posément de réduire la violence scolaire, de l'autre, il se déclare totalement solidaire des choix et des déclarations du Président de la République dans une fuite en avant sécuritaire. A chaque fois que le Chef de l'Etat s'exprime sur ce sujet, nous avons l'impression qu'il prend son ministre à contre-pied. Récemment, il a promis d'être intraitable devant les crimes et délits commis dans le cadre scolaire, de "rétablir l'ordre et l'autorité". Personne ne se prononce face à ce type de problème en faveur de la complaisance et de la passivité. Lutter contre la violence à l'école ne veut pas dire proclamer son éradication prochaine, ni faire comme si rien n'avait été effectué par ses prédécesseurs. Nous savons bien que les intentions et les déclarations "musclées" n'ont souvent pas le moindre effet. Monsieur le Ministre a préféré une toute autre approche; il a organisé les Etats généraux de la violence à l'école sous le mot d'ordre "comprendre, prévenir, agir", il a affirmé que "la sécurité de nos enfants méritait mieux qu'un simple débat idéologique" et a même appelé "à dépasser l'opposition entre les tenants du tout sécuritaire et ceux du tout pédagogique".En privilégiant une "approche rationnelle et non émotive", le Ministre recherchait l'adhésion des professionnels de l'éducation. Le Président de la République n'est pas dans cette logique. Entre lutter réellement contre la violence scolaire et mobiliser l'opinion sur de vieux réflexes sécuritaires, il va lui falloir choisir et, notre Ministre , tempéré dans ses prises de position, a bien du mal à se situer. C'est parfois dur d'être Ministre.