Chronique rédigée à partir d'un entretien avec Marie CHOQUET, épidémiologiste, publié dans le Monde magazine du 24 juillet 2010;
Les médias portent souvent, trop souvent un regard négatif sur les jeunes. Et pourtant, toutes les études montrent qu'ils sont, dans l'ensemble, trés modérés dans leurs attitudes. Cependant, nous avons le sentiment confus que nos adolescents changent et vont trés mal parce que les médias les stigmatisent , parlent un jour des jeux dangereux, le lendemain de l'ivresse ou de la violence dont ils se rendraient coupables. En mettant ainsi l'accent sur les cas extrêmes, sur ce qui inquiète la société, les médias oublient de pointer ce qui peut-être à l'origine de leur souffrance, de leur mal-être; comme si la seule répression allait diminuer ces phénomènes.
Ce qui est choquant, est ce que nous avons construit : une image de la jeunesse qui fait peur aux adultes. Nous avons voulu qu'ils soient trés vite responsables et autonomes, mais nous avons oublié de les accompagner dans cette quête. Entre ce que nous assène la télévision et la situation qu'ils vivent au quotidien, dans les familles, il y a un gouffre. En effet, dans bon nombre d'entre elles, les parents communiquent avec leurs enfants, s'occupent d'eux mais ce travail est largement méconnu.Dés qu'un problème survient, les adultes sont mis en accusation et considérés comme démissionnaires. Bien sûr, certains d'entre eux vivent des situations difficiles. Mais,la société a trouvé un bouc émissaire idéal pour expliquer ses déboires: les jeunes et leurs parents.
L'adolescent d'aujourd'hui n'est pas pire ni meilleur que celui d'hier. Il a besoin , comme jadis, d'amour, de reconnaissance, d'écoute , de comprehension ce qui n'exclut pas les rappels à l'ordre et les sanctions.
Arrêtons donc d'accuser les jeunes de tous les maux en continuant à croire que la responsabilité de la société est quasi nulle. Elle n'est pas innocente.
