Monsieur le Ministre est soucieux de bien faire mais ses intentions paraissent en complet décalage avec la réalité de sa politique. Ainsi, il met l'accent avec raison sur l'accompagnement de la carrière des enseignants mais, au moment où, justement la formation des maîtres se réduit comme peau de chagrin. Dommage, le professeur n'est plus perçu comme un chercheur, un expert capable d'animer, de mobiliser les élèves sur des projets qui donnent du sens aux apprentissages, il est devenu un simple agent d'exécution qui subit une logique managériale agrémentée de quelques "pansements" psychologiques destinés à "lui faire tenir le coup'. Difficile d'avoir le moral dans ces conditions.
Monsieur le Ministre nous explique ensuite que le métier est rendu plus complexe avec l'hétérogénéité de plus en plus grande des classes, là encore il a raison mais il ne répond à cette épineuse question que par des réponses individuelles alors qu'il faudrait repenser globalement le travail des enseignants et redéfinir leurs missions. La "personnalisation" nécessaire n'est envisagée que par le biais de multiples dispositifs alors qu'elle demanderait une pédagogie ambitieuse. Monsieur le Ministre vante le livret de compétences mais sans aller au bout de la logique qui exigerait de revoir complètement notre système d'évaluation et de sélection.
Les moyens sont désormais abondés là où les besoins sont les plus importants. C'est un effort louable qui permet aux élèves boursiers de déroger à la carte scolaire mais avec "le risque de laisser des pans entiers de l'institution s'enfoncer dans une crise grave".
Les professeurs ne peuvent plus aujourd'hui accueillir dignement tous les enfants. "Notre dette éducative creuse la tombe de la démocratie". L'Ecole est devenue une entreprise que nous cherchons à moderniser. Le fossé se creuse désormais entre le corps enseignant et le Ministère. Il ne faudrait pas que l'accompagnement dont parle Monsieur le Ministre "finisse par être, comme le dit Philippe MEIRIEU, un accompagnement des mourants".
