A peine arrivé à l'Assemblée nationale, à peine discuté, le projet de loi "Pour une école de la confiance" suscite déjà une vague de protestations. En cause d'abord l'article premier qui fait référence au "devoir de réserve" des enseignants, ensuite l'abaissement de la scolarité obligatoire dès 3 ans qui va amputer davantage le budget des communes, obligées de financer aussi les maternelles privées sous contrat. Ajoutons à ces mesures, le regroupement des directions d'écoles rurales avec le collège du secteur, la possibilité offerte aux assistants d'éducation d'assurer des heures d'enseignement sous certaines conditions, la suppression du CNESCO, instance d'évaluation indépendante au profit du Conseil d'Evaluation de l'Ecole subordonné au Ministère. Avec en prime la réforme du lycée qui rendra moins lisible les parcours et les options proposés aux élèves. La part accrue du contrôle continu risquant encore d'augmenter les différences d'exigences et d'acquisitions entre les établissements les plus socialement contrastés, affaiblissant de facto la valeur nationale du bac. En contradiction avec la mission de service public de l'école.
Les enseignants multiplient des formes de protestations nouvelles: grève des notes, "nuit des lycées", démissions collectives des professeurs principaux, autant de signaux qui peuvent déboucher sur une forte mobilisation.
Le constat de fond est toujours le même; en dépit d'innombrables réformes, l'école ne parvient toujours pas à assurer l'égalité des chances entre classes sociales. Les "héritiers" tirent leur épingle du jeu au détriment des autres. Et ce n'est pas cette loi, élaborée à la hâte, qui permettra la démocratisation d'accès aux savoirs qu'attendent pourtant de nombreux citoyens.