Les évaluations au CE1 et au CM2 dont l'objectif initial était le repérage des élèves en difficulté et la mise en oeuvre de cours de soutien pour leur venir en aide va changer de nature. Tout
d'abord, les évaluations de CM2 doivent avoir lieu fin janvier, celles du CE1 en mai. Dés lors,comment évaluer l'acquisition des compétences du programme alors que l'année scolaire n'est pas
terminée et que certaines notions n'ont pas été encore étudiées? Le ministère a beau affirmer que le contenu des épreuves comporte des items qui ont été appréhendés au cours de la
scolarité, l'inquiétude et le scepticisme règnent chez les professeurs des classes primaires.
De plus, en procédant de la sorte, ne risque-t-on pas d'avoir une vision tronquée des acquis des élèves? Ne s'écarterait-on pas de l'objectif initial et dans quel but?
Là où le ministère voit la mise en place d'un indice d'évaluation de l'école, les enseignants y verront peut-être la volonté d'en montrer les faiblesses.
Mais, c'est la communication de ces bilans qui soulève des réticences. En effet, les parents pourraient avoir accés aux résutats de leur enfant; normal, me direz-vous, mais, aussi aux
performances de l'école dans laquelle il est scolarisé ainsi que celles des autres établissements scolaires. Ils pourraient ainsi effectuer des comparaisons. La publication
de ces données,si elle est effective, risque de provoquer une concurrence entre établissements et d'introduire, de ce fait, une logique de marché dont les conséquences seraient défavorables
à l'ensemble des élèves car elle remettrait en cause un des fondements de l'école publique: la mixité sociale et le brassage qui constituent une garantie pour une meilleure réussite des
enfants.
Plusieurs pays se sont lancés dans cette voie. L'expérience montre que, lorsque cette publication n'est pas encadrée par des dispositifs trés structurés, la ségrégation sociale s'installe.C'est
un effet pervers qui mérite d'être souligné et expliqué à tous les utilisateurs de notre école pour qu'elle soit bénéfique à tous. C'est le prix à payer pour une éducation équitable.
